• Des hauts et des bas

    Lundi 12 septembre 2011

    Jour de boulot après le week-end. Je m'attendais à davantage de circulation. Et pourtant, nous allons sortir de la métropole sans difficulté aucune. Pour ce faire, nous empruntons le double-pont datant des années 1970 et long de trois kilomètres. Sa première partie -le pont de l'Unité Nationale- relie Guayaquil à Samborondon, un quartier huppé situé sur une île. Puis, il rejoint Duran de l'autre côté du Guayas. Avant sa construction, des ferries assuraient la navette.

    Pont entre Samborondon et Duran Trois mâts sur le Guayas

    Peu après, nous nous retrouvons en rase campagne. Zébus et brahmas remplacent les vaches des hauteurs andines. Au niveau des cultures, nous traversons les exploitations de canne à sucre et de tek, des bananeraies ainsi que les rizières. Non loin, sur la côte, se trouveraient des mangroves dédiées à l'élevage de la crevette.

    Rizière Bananeraies

    Nous croisons la Panaméricaine et entamons peu après la remontée vers les sommets. La cordillère occidentale que nous cherchons à franchir est née il y a 26 millions d'années de la collision des plaques de Nazca et sud-américaine. La première passe en-dessous générant une activité volcanique. Au fil des millénaires, celle-ci s'est tarie ou, plus exactement, s'est déplacée créant la cordillère orientale. C'est là que se trouvent aujourd'hui tous les volcans actifs. La forme actuelle date déjà d'il y a 5 millions d'années et les scientifiques anticipent, dans un futur très lointain, la création d'une troisième cordillère du côté de l'Amazonie.

    La route que nous empruntons se hisse du niveau de la mer jusqu'à 4166m sur une longue distance. Nous finissons inévitablement par traverser puis surplomber une mer de nuages.

    Sanctuaire dans les nuages Au-dessus des nuages

    Au sommet, le col nous permet de basculer dans le Parc National de Cajas, lieu de naissance de 3 des 4 rivières traversant la ville de Cuenca. C'est ici que passe la ligne d'écoulement des eaux séparant le versant conduisant les rivières au Pacifique du versant les menant à l'Atlantique. Cette zone protégée est le domaine d'ours à lunette, de pumas, de renards et de loups du paramo, de lapins, d'oiseaux endémiques ... Sur une surface de 288km², elle contient 232 lacs.

    Nous marquons dans un premier temps un arrêt au niveau du site de Tres Cruces (les Trois Croix), lieu dédié aux voyageurs qui ont péri à cause du froid en franchissant cet obstacle naturel.

    Tres Cruces (4166m)

    Une poignée de tours de roues plus bas, nous sommes déposés dans le froid pour une balade de 2 heures environ dans le Parc. On la fait en courant ? C'est effectivement inhumain de passer en quelques heures d'une température estivale à une autre polaire.

    Parc National de Cajas Parc National de Cajas

    Nous partons d'un des lacs supérieurs : le lac Toreadora. Alors que j'en parlerai encore dans l'avion du retour, une autre passagère fort cultivée m'interrompt pour me signaler qu'en corrida, on ne parle pas de "toréador" mais de torero. J'en suis resté abasourdi ! Après ce brillant aparté fort à propos revenons-en à l'Equateur. Les différents lacs constituent des bassins se déversant les uns dans les autres à l'image de vases communicants. L'eau est ainsi oxygénée et autorise l'épanouissement de truites. Contemplant cette scène, un colibri à la parure d'un dégradé allant du noir au bleu saphir.

    Lac Toreadora Colibri

    Sur notre piste, nous croisons un grand nombre de polylepis, arbres à l'écorce feuilletée surnommés arbres de papier et employés pour la production de charbon. Il s'agit d'abord d'individus isolés, puis nous pénétrons dans un bosquet dense où nous sommes totalement abrités du vent.

    Polylepis Polylepis

    Au sol, Dame Nature a prévu un tapis de mousse et de langues de vache plus que nécessaire suite à la reprise de notre concours de chutes. Un nouveau talent se révèle accumulant 3 chutes en l'espace de 2 minutes sur un terrain il est vrai pentu et humide. C'est bon tu peux arrêter avant de vraiment te blesser. Nous voulons bien croire au bien-fondé des principes exposés par Newton.

    Langues de vache

    Bien que perdus dans les bois pendant que le loup (du paramo) n'y est pas, nous finissons à force de gamelles (pour l'une de nous) à sortir de ce bosquet. Le chemin à parcourir reste encore conséquent et changeant.

    Paramo à la sortie du bosquet de polylepis Joncs Cascade Forêt

    Ayant fini par retrouver le minibus, nous descendons dans la vallée en direction de Cuenca et marquons une simple escale culinaire dans un restaurant proposant de fameuses truites. 

    Cuenca est une grande ville perchée à 2550 mètres. Elle est inscrite au Patrimoine Mondial de l'UNESCO notamment pour son centre historique aux balcons en fer forgé. Nous ferons sa visite demain. Aujourd'hui, place à quelque chose qui a le don de m'exaspérer : la visite obligatoire d'ateliers commerciaux. Non pas que je ne souhaite pas en voir mais je déteste ces attrapes-touristes intégrés de force au programme. Au moins si c'était optionnel, je n'aurais pas la sensation amère de perdre un temps précieux de découverte d'un pays. Et pourquoi aller ici plutôt que dans l'authentique village de Montescristi ?

    [NDLR : Désolé, j'ai oublié de prendre mes cachets. Hop, voilà cet oubli est réparé ! Ca devrait aller mieux à nouveau :]

    Le milieu d'après-midi est donc consacré à la visite de l'atelier de fabrication de panamas. La matière première est la paille toquilla, genre de palme endémique à l'Equateur. Le début de la fabrication nécessite de rendre exploitable cette plante en extrayant les feuilles, en les faisant bouillir puis en les laissant sécher au soleil. Le tissage peut alors commencer avec un maillage d'autant plus fin que le produit sera de haute qualité. Pour les chapeaux les plus hauts de gamme, on ne voit même pas la lumière au travers.

    Lavage Séchage des panamas Confection des panamas Pressage

    Le chapeau a acquis une renommée internationale au moment de la construction du Canal de Panama où il était apprécié pour sa légèreté, son esthétisme et parce qu'il ne faisait pas suer tout en protégeant bien du soleil. Les américains par confusion lui donnèrent son appellation actuelle.

    Avant d'être spécialisée dans ce savoir-faire, la ville de Cuenca produisait de la quinine pour lutter contre le paludisme. Jusqu'à ce que des sujets de la perfide Albion n'emportent illégalement quelques graines dans leur colonie de Java. 

    Fabriquer un panama aujourd'hui nécessite environ 2 jours de travail pour un modèle standard et jusqu'à 5 ou 6 mois pour un de la meilleure qualité. 

    Nous enchaînons par une première découverte libre du centre historique et de ses façades caractéristiques.

    Façade Façade

    Enfin, nous finissons par nous engager sur le sentier de notre perdition qui, malgré notre Vertu à toute épreuve, va progressivement nous pousser au vice auquel nous aspirons presque tous depuis plusieurs jours (hormis ceux qui ont déjà cédé par faiblesse). Seule notre droiture légendaire nous permet encore de lutter héroïquement ce soir contre les démons qui nous assaillent. Mais ça reste une histoire qui attendra son dénouement demain ...

      


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